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Dominique Caisso : LES COURS D’ÉDUCATION PHYSIQUE Le cours que je détestais le plus, pourquoi ? Parce que j’étais
nulle, et pas très vaillante. En principe, les profs de cette matière me détestaient ou
en tous cas n’appréciaient pas ma présence. J’ai fini par me faire dispenser en dernière année par
les profs eux-mêmes, j’avais épuisé toutes les excuses possibles pour ne
pas participer. Le plus dur c’était ce tour du lycée, qu’il pleuve,
qu’il vente, qu’il neige, ils nous y envoyaient. Une véritable torture,
avec quelques copines aussi vaillantes que moi, nous grugions souvent en
coupant, mais lorsqu’on se faisait avoir,
il fallait le refaire depuis le départ. Tu parles d’une gruge…. Le cheval d’arçon, ma bête noire, je n’y suis jamais
arrivée. Je finissais toujours assise dessus, fou rire général assuré, mais
colère et renvoi du cours systématique. A la fin, les pions savaient que
j’allais débarquer en étude, en principe avec Carmen Massa, qui elle ne
pouvait pas monter à la corde. Par contre moi, j’étais la meilleure, la plus
rapide, si il n’y avait eu que cela j’y serai restée en cours, mais voilà…. Madame Prechner aimait bien nous faire danser sur WEST SIDE
STORY, un supplice, moi qui ne coordonne rien, si il fallait remuer le bras
droit, c’était la jambe gauche qui bougeait, j’avais tout d’un pantin… Je ne me rappelle pas des noms des profs de gym, mais il y a
en un, je le revoie bien si je le retrouvais je lui dirais mes quatre vérités,
un sadique, il me faisait faire uniquement ce que je ratais et jusqu’à la fin
du cours. La fois d’après, si je n’étais pas dispensée… il me
remettait à l’ouvrage, saut en hauteur tu parles je me prenais la corde à
chaque fois, saut en longueur, je finissais la tête dans le sable, lancer de
poids, comment ais-je fait pour ne pas me casser un pied…, course à pied, là
c’était dur pour les filles à côté de moi, mes bras partaient dans tous
les sens et elles risquaient de se les prendre dans la figure. Bref, le sport ce n’était pas pour moi. Dire que je m’étais inscrite au Hand Ball avec Monsieur
Nicollon, je ne savais pas où j’allais. Il m’a servi et je crois que j’ai
compris à partir de ce moment là, que le sport et moi c’était deux choses
…
Dominique Caisso : LES
CHOCOLATINES au LYCÉE Tous
les jours pendant l'interclasse de 10 heures, la camionnette de la boulangerie
Gracy débarquait dans la cour du Lycée. Lorsqu'elle
apparaissait, tout un troupeau de collégiens et de lycéens se précipitaient. Faut-dire
qu'elles étaient bonnes, lorsque Monsieur Gracy ouvrait la porte, on pouvait
voir des caisses de chocolatines. Elles
étaient encore chaudes, et lorsqu'on les portait à la bouche, le chocolat était
tout fondu. Lorsque
je ferme les yeux je sent encore cette odeur. J'en
mangerai bien une ou deux... Mais
des comme celles là je n'en trouve plus beaucoup. Tant mieux, j'en ai pas besoin, à nos âges il faut faire attention : tour de taille, cholestérol, diabète...
Dominique Caisso :
Collège : En 6e, il a fallu mettre une belle blouse en vichy rose et
blanc. Les tenues "extravagantes" étaient interdites : port du
pantalon pour les filles, par exemple. Pas de rouge à ongles (merde, on avait pris des cours à l'école
primaire pourtant, voir témoignage de ma sœur et de Dany Massa). Il y avait une Surveillante Générale, LG, tout le monde la
surnommait "LA GESTAPO". Elle portait un manteau en cuir noir, elle avait des cheveux
et des yeux noirs et une peau très blanche. Elle riait quand elle se brûlait, mais souriait en coin
lorsqu'elle pouvait prendre à défaut un d'entre nous. Lorsque la sonnerie retentissait, les rangs se formaient. Il
ne fallait pas qu'un cartable soit oublié sur le côté ou qu'un bras dépasse;
car elle se tenait là, au-dessus de nous, en haut des marches, et cherchait à
qui elle pourrait administrer une colle. On sentait chez elle un plaisir sadique. Les heures de colle tombaient, nous avions la peur au ventre. Je l'ai vu interpeller des filles parce qu'elles avaient
perdu des boutons de leur blouse, ces pauvres nanas n'en menaient pas large
(pourtant, si elle avait vu les strings de notre époque...). Idem dans les couloirs ou en étude. Si quelqu'un apercevait LG, il faisait des "appels de
phare", et on évitait de la retrouver en face, ou à côté, ou dessus,
ou... Un autre personnage aussi sympathique "Le Censeur",
un petit homme un peu rouquin. Alors là, le trouillomètre était à zéro. Je me rappelle de Monsieur HUGUET, son physique était
imposant mais très sympathique, il avait une bonne gueule quoi !... Je crois qu'il était proviseur adjoint. Il me saluait toujours, faut dire, qu'il était notre voisin,
deux escaliers plus loin. J'en éprouvais une grande fierté. Heureusement, il y a eu 68 et les choses ont petit à petit
changé. On ne savait pas vraiment où on en était, c'était un mélange
de "liberté" et de "discipline"... Mais LG était toujours présente, et égale à elle-même... Nous, les élèves étions plus détendus, d'autant que les
profs se lâchaient eux aussi. Nous avons eu un prof qui a du marquer beaucoup de collégiens
: ANTOINE, cheveux longs (pour les chemise à fleurs, je ne sais plus..), 1
guitare, et un jeu de bridge. Les cours d'anglais avaient pris une autre couleur : chants
et cours de bridge. Nous allions chez lui, dans une tour, pour regarder des
parties de bridge ou écouter la guitare, ou pour passer un moment... Un jour, nous l'avons vu débarquer avec un landau et un bébé
dedans. Sa femme avait rendez-vous chez le médecin et il n'avait
personne pour le garder, c'est tout naturellement qu'il a expliqué la situation
à l'administration, qui paraissait affolée... Nous étions vraiment sidérés
et heureux de voir ce prof défiait les lois de la discipline... Les courtes et les longues : Il existait des groupes de niveau : "les longues"
6e1. et les courtes 6e2. idem pour la 5e, 4e et 3e. J'avais déjà remarqué qu'il y avait plusieurs catégories
sociales, que certains étaient privilégiés, qu'ils avaient de belles maisons,
un cours de tennis dans leur coin résidentiel, que ceux du Paloumé, ne se mélangeaient
pas aux autres, qu'ils avaient donc une supériorité par rapport à nous, mais
là, je compris qu'ils avaient aussi une instruction supérieure à la nôtre,
car jamais je n'ai vu un enfant des Paloumé en courte. Par contre, des courtes qui allaient en longues il y en
avait, au moins on pouvait prouver, qu'en travaillant un peu on pouvait se
retrouver à égalité. Je n'ai jamais voulu jouer à ce jeu, je le regrette un
peu à présent, peut être que j'aurai eu un autre destin... d'un point de vue
professionnel... Je n'ai connu qu'un seul garçon, c'était le fils de "DAKTARI",
le médecin de Péchiney. Intelligent, vif, et énormément, peut-être un peu trop
speed, comme on dirait maintenant, un hyper-actif, ou un surdoué... Je pense que les profs ne pouvaient pas gérer alors on
l'avait mis en courtes, où l'on mettait les enfants qui posaient question... Il n'arrêtait jamais de bouger, et de trouver des idées géniales. Les profs lui
disaient toujours :
"On t'a au doigt et à l'oeil" : Il s'appelait Gilles AUDOYE...
Claude : Je me souviens de Madame Fabre qui avait à coeur de nous faire partager sa passion pour la musique classique et le chant. A cette époque il n'y avait pas de chaîne dans les familles, sans doute un tourne disque et rarement des disques classiques en tous cas dans les familles populaires. Les quelques vinyls étaient ceux d'Edith de Jean ou Gilbert et des autres grands chanteurs à succès. Madame Fabre, la chevelure grisonnante, ne jouissait pas de la facilité que procure un physique imposant mais elle réussissait à nous captiver par son dynamisme et le respect qu'elle nous accordait. Elle concédait que, parfois, la musique du temps nous donnait l'occasion d'entendre des talents: elle nous a avoué apprécier la voix du chanteur leader des Charlots ! Je crois bien qu'elle appréciait les Beatles. Elle nous apprenait à écouter les musiques du monde : arabe, indienne... Sa classe était décorée de petits tableaux avec des maximes. C'est parce que je j'ai toujours été un râleur que je me souviens de celle-ci : "plutôt que de vous plaindre que les roses aient des épines, réjouissez vous donc que les épines aient des roses." Bien content de pouvoir m'exprimer sur cette dame à qui je pense régulièrement quand je me dis que les grandes oeuvres éducatives sont dans les petites attentions additionnées.
Christine : Le lycée de Mourenx ne m'a pas laissé de
grands souvenirs : - Une prof de Math, Mme Bonneau,
avec ses manies de faire essuyer son bureau et sa chaise à chaque cours pour ne
pas se salir, ses interrogations écrites dès que nous chahutions. - La prof de musique que nous
avions surnommé "mémé twist", qui venait de Monein dans une petite
voiture genre "pot à yaourt", ses cours dans les baraquements en face
du Lycée où elle avait bien du mal à nous entraîné dans sa passion. - L'obligation de porter des blouses
de couleur différente chaque semaine (rose et bleue.) avec punition à la clé
si ce n'était pas respecté. - En seconde (64-65), une idée
ridicule : nous faire passer un simili code de la route dans des voitures à pédales.
Beaucoup ont refusé, et pour cause. A cet âge là, tout le monde s'est trouvé
ridicule (à l'époque le pantalon n'était pas de mise). - Mais aussi les cours séchés
pour aller se tremper les pieds dans le ruisseau en face du Lycée avec
d'autres dissipé(e)s. C'étaient les heures de colle assurées. - Et les cadeaux "atroces" (genre lampe avec petits poissons) que nous achetions chez Delfau en fin d'année pour offrir aux profs que nous apprécions le plus.
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